Du 6 février au 12 avril 2021
Organisée par les plasticiens de PERSPECTIVES
En attendant la réouverture des musées...
Depuis chez vous, visitez l'exposition et zoomez sur les œuvres.
Rendez-vous dans quelques jours, la vidéo de l'exposition RUPTURE sera en ligne.
Introduction par Jeanine Mège Morin Présidente de PERSPECTIVES
Ce thème a été choisi par les plasticiens de Perspectives dans un moment historique épidémique écologique climatique économique sociétal très mouvementé.
Au moment où ces lignes sont écrites c’est un pari car nul ne sait si l’exposition sera visitée en « présentiel » ou en « distanciel ».
C’est dans ce contexte singulier qu’on a considéré qu’une ouverture à une thématique de la rupture pouvait être une belle opportunité d’expressions artistiques faisant écho aux bouleversements et fragilisations des pratiques et des espaces sociaux que nous connaissons actuellement.
Fidèle à sa tradition multidisciplinaire Perspectives accueille cette année les réponses que des peintres, des photographes, des infographistes, des sculpteurs, des plasticiens ont données à l’appel d’offres qui leur a été proposé. Les artistes se sont saisis de l’ambivalence du champ de la rupture pour en illustrer et interroger quelques aspects significatifs de son image qui peuvent renvoyer à la déchirure, à la faille, au tsunami, au changement brutal d’échelle pour un regardeur, au changement d’époque, de terre natale, de vie, de couleur, de matériaux, d’écosystème…L’exposition
Rupture propose ainsi un contact avec la création de mondes imaginaires fantasmés dans un contexte de crise.
Les œuvres de 19 Artistes de Perspectives ont été retenues. Elles sont installées dans la très belle salle gothique du Musée des Tapisseries. Quatre artistes de notre région Alphons Alt, Jean Baptiste Audat, Olivier Bernex, Clémentine Carsberg, ont répondu à travers leurs œuvres à notre invitation.
Bernard Muntaner, Critique d’art, Commissaire d’expositions, nous a fait l’amitié de présenter ces artistes dans une introduction très éclairante qui rappelle la place de la rupture dans l’histoire de l’Art.
présidente de Perspectives
Et, de ta plus belle écriture,
Note ce qu'il faudrait qu'il advînt de mon corps,
Lorsque mon âme et lui ne seront plus d'accord
Que sur un seul point : la rupture.
G. Brassens
Pour cette nouvelle rencontre artistique, le thème proposé est le mot RUPTURE. Ce n’est pas « LA » rupture, qui en définirait l’orientation, ni « UNE » rupture, qui la réduirait à un cas isolé. Le mot ainsi proposé isolé ouvre un champ spéculatif de réponses interprétatives. Comme souvent, les mots qui nous sont communs, semblent être tout de suite intelligibles. Qui n’a pas connu une rupture amoureuse, ou une rupture de courant ? Dans ces cas-là, la rupture provoque un manque, et par effet collatéral, la douleur, ou l’anxiété. On associe trop souvent au mot rupture une idée négative : « rompre » serait alors dans l’ordre du définitif. L’altérité, présente, ou rêvée, serait perdue à jamais, irrémédiablement. En réalité il ne faut pas avoir peur, ni même s’inquiéter de la rupture. La vie elle-même est faite d’un quotidien de ruptures : ainsi vit-on de jour en jour, entre hier, aujourd’hui et demain, il y a des ruptures d’actions, de temps et de lieux... Mais le présent est toujours présent et la rupture deviendrait alors un passage qui donnerait accès à une suite ; comme la page d’un livre que l’on tourne entraînerait celle d’après, par nécessité, ou désir.
La feuille blanche de l’écrivain ou du dessinateur rompt avec son espace immaculé dès que le crayon pose le premier trait. Celui-ci devient le premier trait d’union dans cet inframince de la rupture, et l’œuvre peut se projeter et construire sa révélation. La rupture se placerait entre un avant et un après, séparant comme avec un coin l’objet en deux parties mais tenues à proximité.
L’histoire de l’Art est composée d’une suite de ruptures : de styles, de pensées, de techniques… Mais elle est aussi un champ d’hybridations, d’assemblages divers et surtout multiples. Si la Renaissance a rompu avec la représentation et la pensée du Moyen Âge, elle a emprunté à l’antiquité une esthétique qui va paradoxalement la singulariser. De même, il fallut que la perspective unitaire de cette époque soit inventée pour que Picasso oppose le cubisme en rupture avec cette convention de la représentation du réel. Il est des séparations qui produisent de nouvelles entités. Le même Picasso, va devenir un grand consommateur d’objets de rebuts, épars, récupérés dans des poubelles, pour les reconstituer en des formes reconnaissables grâce à des associations analogiques. La Femme à la poussette, comme La Chèvre, ou La Guenon, en sont des témoignages éloquents.
Alors, faut-il « rompre » pour agir ? Pour Créer ? Si oui : quand, comment, où ? C’est dans l’œuvre qu’on en trouvera, ou pas, la manifestation.
« Peindre c’est détruire ce qui précède. » proposait de façon radicale Karel Appel.
Textes : Jeanine Mège-Morin, Bernard Muntaner et des artistes.
Suivi éditorial et communication : Jane Deste.
Communication mécènes et sponsors : Marie-Christine Rabier.
Communication visuelle et réseaux sociaux : Christine Lopez et Dominique Bosq.
Intendance : Odile Xaxa.
Crédit photographiques : les artistes.
Scénographie : Jeanine Mège-Morin et Pierre Paindessous.
Installation, montage : Guillaume Blanche.
Lumières : Dominique Bosq.
Secrétariat : Christiane Benlian.
Design graphique : Guillaume Bougro.
Blog : Nicolas Labat, PDA Informatique.
Imprimé sur les presses de l'imprimerie C.C.I., Marseille, en février 2021.
Jeanine Mège-Morin, présidente de l’association PERSPECTIVES
à
Maryse Joissains-Masini, maire d’Aix-en-Provence, président du Conseil de Territoire,
vice-président de la Métropole d’Aix-Marseille,
Sophie Joissains, premier adjoint à la culture,
Marie-Pierre Sicard-Desnuelle, adjoint au maire, délégué au Patrimoine et aux Musées,
Philippe Pintore, directeur général adjoint Culture, Musées, Patrimoine et Attractivité
La direction des Musées de la Ville d’Aix-en-Provence
Christel Roy, coordinatrice des Musées, Valérie Brotons, responsable Musée des Tapisseries
le Conseil Municipal,
les agents d’accueil du Musée des Tapisseries.
à
Vincent Bercker, galeriste, expert en art,
Michel Bertrand, professeur de Littérature Contemporaine à Aix-Marseille-Université,
Patrick Boulanger, directeur de la revue culturelle « MARSEILLE », commissaire d’exposition
Claude Massu, professeur émérite d’Histoire de l’Art à Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Thierry Millet, Maître de Conférence à Aix-Marseille-Université,
Bernard Muntaner, critique d’art, commissaire d’exposition,
Alain Simon et la Compagnie d’Entraînement du Théâtre des Ateliers d’Aix-en-Provence.
aux organismes publics, privés et associatifs :
la Ville d’Aix-en-Provence,
la Fondation Saint-John Perse,
l’Institut de l’image,
le Musée des Tapisseries,
le Théâtre des Ateliers,
Aix Marseille Université (AMU)
Calissons du Roy René à Aix-en-Provence
Commanderie de la Bargemone à Saint-Cannat
Picto Méditerranée à Marseille
Argos Panoptès, 2016
altotype marouflé sur toilecoton, 120x100cm
Cette autre image de ruines, après des bombardements de rues, est placée derrière la ‘‘transparence’’ d’un écran constitué de petits cercles de couleurs. Devant ce désordre apocalyptique dessiné, une trame de couleurs organisée rationnellement semble vouloir remettre de l’ordre dans le chaos situé juste après elle.
Ailleurs, des personnages sont représentés à terre, sans vie. Devant cette image, des étiquettes sur lesquelles sont inscrits des prénoms communs sont piquées dans le papier, comme autant de rappels de figures anonymes disparues et dont chacun de nous pourrait faire partie. Isolé et en gros plan, l’homme qui crie exprime suffisamment la douleur et l’urgence pour se passer des mots.
La peste de Marseille (d’après Michel Serre 1658-1733), 1995,
acrylique et collage sur toile, 146 x 114cm
Son corps tendu par la souffrance gît au milieu d’autres corps amoncelés, abandonnés par les habitants et les hôpitaux surchargés. À l’heure de la situation due à la Covid 19, cette oeuvre est tragiquement d’actualité. (Elle rappelle qu’il y eu 27 mois de confinement, et quatre ans pour rouvrir complètement la cité, la moitié de la population marseillaise ayant disparue). Les peintures exposées représentent des corps abstraits de leur contexte pour en faire une citation de la douleur.
Mais ces corps, seules figures présentes, sont associés à une écriture picturale bouleversée, traitée à grands traits de pinceaux comme un combat mené contre la maladie. Elle traduit l’émanation de la douleur de la figure sans cri. La peste comme rupture dans l’histoire des hommes. Mais ne contient-elle pas aussi dans ses prolongements interprétatifs la métaphore de la Pittura dolorosa ? Que la peinture est aussi un acte douloureux ?
peinture acrylique sur toile marouflée, 100 x 100cm
photographie tirage sur dibon, 100 x 75cm
acrylique sur toile de jute et papier goudronné, 120 x 110cm
impression numérique appliquée sur un support en médium hydrofuge,
dimensions variables : H 122 à 220 cm x L 16 à 27 cm
tirage canson contrecollé
sur dibon, 72 x 140,4cm
tirage canson contrecollé sur dibon, 72 x 140,4cm
Les sols se feuillètent et les terres se plissent en déchirures, en fractures porteuses d’images endormies, figées, paralysées.
L’oeil d’un auroch guette une colombe pétrifiée sur les fractures de la terre.
Une verte montagne déchirée s’ouvre sur la crevasse d’un glacier (?).
Une faille monte vers un ciel ? la trace d’un vivant ?...
photographie, tirage sur dibon, 180 x 33cm
La rupture est primordiale. Elle est une particularité de notre vie et nous accompagne tout le long de notre existence.
La rupture est une sorte de ‘‘décroché de vie’’ qui nous construit. La naissance, la mort qui nous brise et qui peut être pensée comme un ‘‘départ’’... Le doute aussi rompant le flux de notre pensée, bousculant nos convictions, est essentiel dans la construction de notre réflexion.
La rupture est un élément crucial de notre paysage intime. Elle lui donne du relief, des tonalités, ouvre des perspective
acrylique sur toile, 100 x 100cm
bois vermoulu, peinture à l’huile, 83 x 83cm
collage sur toile. Anthropométrie. Papiers et peinture acrylique.
Diptyque, deux toiles de 81 x 65cm
Cascade alanguie de sensualité, ravissante et sombre, éphémère, sur le fil d’un temps qui court inexorablement vers l’état de fin, de rupture, avec l’idée, toujours renouvelée, d’une métamorphose renaissante et d’un nouvel envol.
installation à dimensions variables,
images imprimées encadrées, codes chiffrés
inscrits sous les oeuvres et lunette d’observation.
Au premier abord, l’installation présente un ensemble des paysages dépeuplés. Il s’agit d’oeuvres, plus ou moins connues, de peintres romantiques dont les protagonistes ont disparu. A proximité de cette série est disposée une lunette d’observation orientée vers d’autres images installées à quelques mètres.
Le spectateur peut, grâce à ce télescope, observer la destination choisie par ces « déserteurs » de l’histoire de l’art et la manière dont les uns et les autres vivent leur nouveau monde. Sous ces images, plus contemporaines, le spectateur remarquera des codes chiffrés, les mêmes que ceux accompagnant les paysages esseulés.
Ces chiffres servent à identifier l’image de référence, la référence artistique d’où sont partis les personnages.
Qui aurait pu imaginer que le couvercle d’une boite d’enduit puisse susciter tant d’attrait, provoquer de telles aventures pour ces personnages d’une autre époque ? Traverser le temps, bouleverser les échelles, changer de perspective, rien ne semble impossible quand la rupture devient nécessaire.
terre chamottée et matériaux divers, 75 x 25 x 25cm
Pierre Paindessous
Cariatide II (Sauver les meubles) : figure qui porte des objets essentiels du quotidien et immergée dans de l’eau de mer. Elle s’humidifie par capillarité.
Cariatide III (Emporter son Rêve) : évocation d’un rêve de vie à l’occidentale.
Les 3 cariatides symbolisent la rupture brutale et douloureuse que constitue, pour de nombreuses populations, l’obligation d’émigrer, de quitter leur pays en espérant ainsi une vie meilleure. Ceci étant dû, soit à des guerres de destruction faites aux populations civiles, soit à la montée irrémédiable de l’eau des océans ou bien encore à la famine en raison du réchauffement climatique.
moulage sur nature tenant une horloge,
acier, résine polyester, inox, 183 x 40 x 52cm
scarabée naturalisé et doré (symbole de métamorphose,
de renaissance dans l'Egypte ancienne.)
tirages jet d’encre sur papier muséum, 150 x 30cm
pigments et liant acrylique sur papier japonais, 98 x 83cm
Elles soulevaient en moi une vive émotion.
Ces lignes ont resurgi en 1995 avec les plis qui se sont imposés dans la peinture ; leurs arêtes naturelles traduisaient bien le fait de séparer tout en maintenant la coexistence de mondes hétérogènes.
L’arête du pli crée une ligne sui generis génératrice d’émotion. Je peins et j’entre dans la
peinture pour la plier.
Plus les plis sont nombreux, rythmés et contrastants, plus l’oeuvre s’éloigne du format initial, plus elle est serrée, réduite, plus elle est comme un bonsaï à l’énergie concentrée.
Kochi, Kerala - Inde,
aquarelle et gouache sur papier marouflé, 150 x 50cm
Cette oeuvre se veut une exaltation des grands espaces et des seigneurs de la mer.
En baie d'Ernaculam, les pêcheurs artisanaux, ici une vingtaine de pêcheurs, sur leurs barques traditionnelles chargées de lourds filets, croisent le monde moderne sans y prêter attention.
Grès, terre noire, émail, oxydes, siporex,
H 20 à 90 cm x L 140 x P 60cm
À chaque crise la nature se réinvente. Dans cette proposition seuls les organismes dotés de jambes vont perdurer. Des jambes symboliques accompagnent le mouvement et créent un autre possible. Une rupture avec les organismes qui n’ont pas pu s’adapter.
béton blanc, feuille d'or, 98 x 73cm
Les bords de sa déchirure sont cernés d'or pour la ‘‘magnifier’’ selon la tradition du Kintsugi. Le Kintsugi est un art japonais spécifique : lors de la réparation d'un objet les lignes de faille sont soulignées avec de la poudre d'or au lieu de les masquer. Désormais signe de renouveau, la déchirure n'est pas dissimulée mais au contraire mise en valeur. Résilience… ?
technique mixte, 115 x 73cm
La rupture des corps exprimée dans mon tableau est la métaphore de la construction ou de la déconstruction des moments forts de notre vie.
texte brodé sur une pièce de fil et de papier travaillés en mélange, clouée sur une porte, motifs au crochet,
120 x 40cm, porte : 190 x 80cm
En attendant la réouverture des musées, le collectif
Perspectives vous propose de découvrir l'exposition RUPTURE
aujourd'hui au musée des Tapisseries, Palais de l'Archevêché à
AIX en PROVENCE.
Depuis chez vous, visitez l'exposition et zoomez sur les
oeuvres.
Rendez-vous dans quelques jours, la video de l'exposition RUPTURE
sera en ligne.
Avec le soutien de nos partenaires et mécènes
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